Cannabis et rites funéraires

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Cannabis et rites funéraires

Selon les anciennes traditions, nous sommes actuellement dans la période sombre de l’année. Le moment où l’on revient dans la chaleur du foyer et au cœur de nous-même.

Fin octobre, début novembre, nous avons célébré nos Ancêtres lors de la nuit de Samhain/Samonios, fête celte au cours de laquelle le Voile est si fin que l’on peut communiquer avec l’Autre Monde.

C’est pour rester dans l’ambiance que nous allons explorer la place que pouvait avoir le cannabis dans les anciens rites funéraires.

De nombreuses hypothèses existent sur l’utilisation du cannabis dans un but rituel.

Pour alimenter ces diverses théories, des découvertes et recherches ont amené des indices plutôt parlants.

 Du cannabis dans le vin

En 2015 à Cébazat (Puy-de-Dôme), en France, des archéologues ont découvert une offrande intrigante dans une tombe ; des traces de cannabis sur un vase balustre. Ils ont constaté que ce vase devait contenir une grande quantité de vin associé à de la résine de conifère, pratique répandue à l’époque pour apporter du goût et mieux conserver le breuvage. Mais ils ont aussi observé l’adjonction de cannabis, ce qui est très rare. Enterré à la fin du 2ème siècle av. J.C., on ne peut définir s’il s’agit d’un homme ou d’une femme, la seul information concrète que les archéologues peuvent donner est que la personne devait avoir entre 40 et 60 ans. Des écrits sur le vase laissent à penser que ce devait être un personnage important mais les déductions s’arrêtent là.

Cannabis et rites funéraires

Crédit photo : L. Pastural, J. Jazeix, B. Courtine / France 3 Auvergne

Des plantes pour « linceul »

Dans le nord-ouest de la Chine, en octobre 2016, à Turpan, plusieurs sépultures datant d’environ 2400-2800 ans ont été mises au jour. Les archéologues ont découvert dans plusieurs tombes des parties de plantes. L’une d’elle a attiré leur attention en particulier. Treize plantes de cannabis, chacune mesurant près d’un mètre, étaient placées en diagonale sur la poitrine du squelette d’un homme. C’est la première fois que l’on retrouve des plantes entières déposées comme un « linceul » dans une sépulture humaine. Ces cimetières se trouvent dans une région associée à la culture Subeixi, connue aussi sous le nom de royaume de Gushi. C’était une étape importante de la route de la soie. Ce qui explique le voyage de la plante à travers le monde.

Cannabis et rites funérairesCrédit photo : https://www.mentalfloss.com/article/87145/archaeologists-find-man-buried-shroud-cannabis-leaves

Braseros et cimetières

Une étude publiée dans la revue Science Advances affirme que des chercheurs ont analysé, par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse, d’anciens brûleurs d’encens (brasero) venant des cimetières de Jirzankal, situés à près de 3000 mètres d’altitude dans les montagnes d’Asie Centrale. Ils ont trouvé des résidus positifs de cannabis relativement forts en THC.

Les chercheurs ne peuvent déterminer si ces peuples cultivaient des plans de cannabis pour leurs vertus psychoactives ou s’ils visaient les espèces en question lors des cueillettes.

« Les résultats suggèrent en tout cas qu’ils ont pu récolter ou échanger des plantes de cannabis sauvages atypiquement psychoactives afin d’atteindre des états modifiés de conscience » explique Ryan Stoa, qui étudie l’histoire du cannabis.

Cannabis et rites funéraires

Crédit photo : https://www.nouvelobs.com/sciences/20190612.OBS14304/on-a-peut-etre-decouvert-les-premiers-fumeurs-de-cannabis.html

L’altitude élevée à laquelle se situent les cimetières de Jirzankal peut expliquer la forte teneur en THC des résidus retrouvés dans les braseros. En effet, la plante produit du THC pour se protéger des rayons UV donc plus les rayons sont forts, plus la plante devra se protéger. Maintenant, est-ce que les anciens construisaient temples et cimetières en fonction de l’environnement ou est-ce qu’ils se sont rendus compte des vertus de ces plantes par la suite ? On ne peut le déterminer.

Yimin Yang, archéologue et coauteur de l’étude en question, pense que les peuples anciens fumaient ou effectuaient des fumigations de cannabis pour atteindre un état modifié de conscience afin de communiquer avec la nature et les défunts.

Il n’y pas aujourd’hui de données précises dans l’utilisation du cannabis au cours de rites funéraires mais on peut imaginer que les anciens l’utilisaient pour voyager entre les mondes et accompagner l’esprit des personnes chères à leur cœur de l’autre côté. On peut aussi imaginer que les fumigations de plantes étaient utilisées pour communiquer avec les esprits qui venaient chercher les défunts. Ou peut-être était-ce simplement des offrandes d’une plante utilisée dans beaucoup d’aspects de leur vie.

Le temps nous en dira peut-être plus…

Sources :

https://www.france24.com/fr/20180411-cannabis-a-ete-retrouve-tombe-dun-gaulois-mort-il-y-a-2-000-ans

www.nationalgeographic.com

www.wired.com